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Extraits

 

 

« Il frissonna. N’eût été l’horreur bien réelle qui émanait de la scène, le professeur aurait pu se croire victime d’une illusion. Mais la nature des sentiments qui l’agitaient lui fit prendre d’emblée la situation au sérieux. »

L’imagination de Skolinski galopait. Il cherchait à lire son sort dans ce puzzle. Suis pris de quoi ? Une bête ? Noire ? Mais peut-être n’y avait-il aucun lien entre ces mots ? Sortir ? Fuir ! Mais il resta glacé d’horreur : il n’était plus en état de faire aucun mouvement.
II était seulement capable de demeurer assis, pétrifié, et d’attendre, tel un oiseau hypnotisé par un serpent et qui ne peut plus fuir.

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L’édition espagnole, Seix Barral. Dessin de Roland Topor.


Les deux ou trois minutes qu’il vécut furent sans doute les plus longues de sa vie - sentiment d’impuissance horrible, serrement de gorge, tassement du corps, rigidité des muscles, avec la conscience d’être livré à son sort sans espoir de secours.
Dans un ultime effort, il s’arracha à son lit et se jeta vers la sortie. II crut sentir quelque chose jaillir d’un coin et se précipiter sur lui, mais il ne se retourna pas et claqua la porte.
À peine dehors, ses nerfs trop tendus l’entraînèrent dans une fuite éperdue à travers le sombre vestibule, puis droit devant lui à travers les salles. Il finit par se laisser choir sur le sol, contre un mur, à bout de forces.


Le château lui semblait tout entier tombé au pouvoir des forces impures. Un vent d’épouvante soufflait dans les ténèbres. Trois bons quarts d’heure passèrent avant qu’il ait pu rassembler ses esprits.
Il se sentait terriblement las. La tête appuyée sur la main, affalé sur les dalles glacées, il méditait sur les moyens de quitter au plus vite le château quand, soudain, il entendit un pas furtif dans la galerie voisine. Il jeta un coup d’œil par la porte.

Les Envoûtés, chapitre VI

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L’édition française Points-Seuil.

« Quel était le lien entre cette sombre histoire et les mystérieuses contractions de la serviette ? A cette question, Grégoire ne sut que répondre. C’était une énigme qu’aujourd’hui personne hormis le prince ne pouvait résoudre. »

Il me fallut un certain temps pour m’apercevoir que le prince cachait quelque chose. Il avait peur. La nuit, il ne pouvait dormir et venait rôder dans les parages de la Cuisine sans jamais y entrer. Il tournait autour toujours à distance. Parfois il laissait entendre qu’il se passait quelque chose, mais je pensais qu’il divagait. Jusqu’au jour où il vint me trouver : « Grégoire, me dit-il, je vais vous montrer quelque chose, mais n’en parlez à personne. » Il me conduisit à la Cuisine, ouvrit la porte, mais resta sur le seuil en m’indiquant la serviette : « Quel courant d’air ici ! Voyez comme cette serviette remue… car elle remue, n’est-ce-pas ? »

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L’édition française, club « Autre bibliothèque ».

Il devait douter de ses sens et vouloir s’assurer qu’elle bougeait vraiment. Tout d’abord, je ne savais à quoi m’en tenir, je voulus retirer la serviette de la patère, mais voilà le prince qui se met à crier : « N’y touchez pas ! Surtout, n’y touchez pas ! » Brusquement, je sentis comme une nausée. Un horrible dégoût, de la répugnance, de l’écoeurement… brrr ! Le prince s’enfuit en poussant un cri. Je claquai la porte et pris le large sans demander mon reste !

Les Envoûtés, chapitre IX