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Thèmes du Journal - Nature, animalité

 

 

« Je me promenais dans l’allée bordée d’eucalyptus, quand tout à coup surgit de derrière un arbre une vache.
Je m’arrêtai et nous nous regardâmes dans le blanc des yeux. Sa vachéité surprit à ce point mon humanité – il y eut une telle tension dans l’instant où nos regards se croisèrent- que je me sentis confus en tant qu’homme, en tant que membre de l’espèce humaine. Sentiment étrange, que j’éprouvais sans doute pour la première fois : la honte de l’homme face à l’animal. Je lui avais permis de me voir, de me regarder, ce qui nous rendit égaux, et du coup j’étais devenu moi-même un animal, mais un animal étrange, je dirais illicite. Je me mis en route, reprenant ma promenade interrompue, mais je me sentais mal à l’aise… au milieu de cette nature qui m’assiégeait de toutes parts, qui avait l’air… de m’épier. »
Journal, 1958
« Ce qui me pousse vers cet en-bas, vers cette confrontation avec le cheval, le scarabée, la plante, c’est ma tendance à « renouer avec l’Inférieur ».
Si j’essaie de subordonner la conscience supérieure à la conscience inférieure dans le monde humain, si je veux relier la maturité à l’immaturité, ne dois-je pas descendre aussi l’échelle des espèces ? Parcourir toute l’échelle jusqu’en bas. […]
Comprendre la nature, la contempler, l’analyser, c’est une chose. Mais lors que je tâche de l’approcher comme quelque chose d’égal à moi par la vie commune qui nous englobe, que j’essaie d’être à tu et à toi avec les animaux et les plantes, je suis pris de lassitude et de dégoût, je perds courage, je rentre au plus vite dans mon humaine maison et je ferme la porte à double tour. »
Journal, 1957