1947
En avril, Ferdydurke paraît en espagnol, aux éditions Argos de Buenos Aires.
Le 29 août, Witold Gombrowicz prononce sa conférence « Contre les poètes », à la librairie Fray Mocho.
« Si, au lieu de pontifier, de se gargariser de la sorte, d’adorer ainsi la grandeur, au lieu d’exiger que leur public tombe devant eux à genoux, et, qui plus est, d’y tomber, eux, à genoux devant eux-mêmes, les poètes savaient considérer leur chant comme une manie, un cérémonial ! Ah, s’ils chantaient comme des gens forcés de chanter, tout en sachant qu’ils chantent dans le vide ! »
Journal, 1956 |
En septembre, sort le numéro unique de Aurora , la « Revue de la Résistance », intégralement rédigée par Witold Gombrowicz que l’on trouve aujourd’hui dans Varia.
« MANIFESTE. Puisqu’il n’est plus possible d’écrire dans la presse littéraire de la Surface, car tout choque, nous nous voyons dans l’obligation de descendre au sous-sol pour faire entendre de temps à autre la voix clandestine de cette Revue. Attention ! Préservez la sainte flamme de la Résistance ! Soutenez le tiède Comité de Résistance et le lent, discret et souterrain Mouvement de Rénovation ! »
Revue Aurora |
En septembre, il termine son drame Le Mariage.
À la fin de l’année, l’écrivain accepte un poste au Banco Polaco dirigé par un ami, Juliusz Nowinski. Il y travaillera pendant plus de sept ans jusqu’à 1955.
Virgilio Piñera et Humberto Rodriguez Tomeu quittent l’Argentine. Ils continueront à échanger des lettres avec Gombrowicz.
Son drame Le Mariage terminé, Witold Gombrowicz envoie le texte polonais dactylographié à sa famille et à quelques amis en Pologne. Grâce à une subvention de Cecilia Benedit de Debenedetti, il en commence la traduction espagnole avec Alejandro Rússovich.
« Nous relisions “Hamlet” ensemble, et Gombrowicz s’en inspirait pour “El Casamiento” parce qu’il voulait créer des situations symétriques à celles d’“Hamlet”, mais sur le plan formel. Au Rex, nous travaillions parfois à haute voix, dans le bruit, exprès. On parlait fort et quand le silence se faisait, on devait baisser la voix. »
Alejandro Rússovich, Gombrowicz en Argentine de Rita Gombrowicz |
À Varsovie, la revue Nowiny Literackie, dirigée par Jaroslaw Iwaszkiewicz, une connaissance « skamandrite » d’avant-guerre, publie l’Épître aux Ferdydurkistes, le texte adressé à ses deux filles, admiratrices du talent subversif de Witold Gombrowicz (aujourd’hui publié dans Varia.
« S’il en est un parmi vous qui respire encore, qu’il ne perde pas courage, car moi je ne suis pas mort. Peut-être un peu éloigné et mis à l’écart, je traîne une existence aussi marginale que douteuse là où l’Amérique fourre son index entre trois océans. Qu’est-ce qu’un Ferdydurkiste sinon l’homme qui demande à l’art d’être créateur ? »
Épître aux Ferdydurkistes |
1947 est également l’année de la création de la revue Kultura et de l’Institut littéraire. Cette institution culturelle de l’émigration polonaise, fondée par un groupe de soldats de l’armée du général Anders - Jerzy Giedroyc, Joseph Czapski, Zygmunt et Zofia Hertz, Gustaw Herling-Grudzinski - deviendra très rapidement le foyer de la pensée et de la culture libre, interdite dans la Pologne communiste.
En juin, Alejandro Rússovich, qui travaille avec Witold Gombrowicz sur la traduction espagnole du Mariage, vient habiter rue Venezuela, la chambre voisine de celle de Gombrowicz.
Witold Gombrowicz continue son travail au Banco Polaco - le premier et le dernier emploi salarié de toute sa vie - qui l’ennuie beaucoup.
« En face de lui, à un autre bureau, travaillait une secrétaire Mme H. Z. qui ne pouvait le souffrir et s’empressait d’informer mon mari de tous les « crimes » dont se rendait coupable M. Gombrowicz : il venait encore d’arriver en retard, il était habillé en clochard ; il mangeait les oranges comme un cochon et crachait les pépins dans la corbeille ; il manquait un bouton à sa chemise, et - le comble - il s’était de nouveau endormi à son bureau. »
Halina Nowińska, Gombrowicz en Argentine (Gombrowicz in Argentina) by Rita Gombrowicz [Trans. Dubowski] |
En octobre, Jarosław Iwaszkiewicz, écrivain et ami, une célébrité en Pologne, vient à Buenos Aires. Discussions sur la situation au pays, sur des possibilités de publier Gombrowicz à Varsovie.
El Casamiento, la traduction du Mariage paraît en novembre, aux éditions musicales EAM de Buenos Aires, dirigées par Cecilia Benedit de Debenedetti qui en assume les frais.
« Il se sépare définitivement du milieu littéraire argentin qu’il fréquentait du reste très peu et plutôt pour des raisons économiques. Sa façon d’être, provocante et peu sérieuse, ne lui avait jamais facilité ses relations avec les milieux cultivés de la capitale. »
Gombrowicz, Cahier de l’Herne |
1949
Toute l’année est consacrée à son nouveau roman Trans-Atlantique. Witold Gombrowicz l’écrit en grande partie pendant ses heures de bureau au Banco Polaco.
« Voici l’anathème que je jetai sur la Pologne : « Voguez, voguez donc vers votre Patrie ! Vers votre Patrie Sainte, et maudite plutôt ! Voguez vers ce Monstre Saint Obscur qui crève et crève depuis des siècles et ne peut crever ! [...] » Pour quelque chose dans ce genre, on peut déjà vous casser la gueule. Et en sortant du Banco Polaco, après le travail, je jetais discrètement un regard circulaire autour de moi, car la colonie polonaise à Buenos Aires est nombreuse et prompte à agir. »
Testament. Entretiens avec Dominique de Roux |
Witold Gombrowicz souffre d’eczéma sur le cuir chevelu. Son foie le rend malade. Il prend un congé de la banque pour se reposer à Mar del Plata et rédiger Trans-Atlantique en paix.
En mai, en compagnie d’Alejandro Rússovich, il fréquente deux jeunes Françaises pour traduire Le Mariage en français, mais cette traduction n’est pas publiée.
« Nous imaginions, nous fantasmions. Witold baisait la main des jeunes filles qui la lui retiraient bien vite. C’était une vieille coutume polonaise, disait-il. L’une s’appelait Odile et Witold lui récitait : « Odile, ma sœur, de quel amour blessée, vous mourûtes au bord où vous fûtes laissée » et faisait toutes sortes de plaisanteries de ce genre. Ces jeunes filles étaient riches, Witold n’avait pas d’argent mais tenait cependant à récompenser leur travail. Un soir, nous avons trouvé dans la rue, en allant chez elles, une portée de six petits chats... Nous les avons mis dans nos poches pour leur en faire cadeau. Witold en a donné un, les jeunes filles ont répondu : « Merci ». Puis un deuxième, un troisième... Elles étaient stupéfaites. »
Alejandro Rússovich, dans Gombrowicz en Argentine de Rita Gombrowicz |
Il envoie des copies dactylographiées de Ferdydurke en France pour le faire éditer, entre autres aux éditions Gallimard, mais sans succès.
De Varsovie, Iwaszkiewicz tente de le faire revenir en Pologne, mais Gombrowicz pense plutôt se rendre à Paris, si le retour en Europe devient possible.
Iwaszkiewicz lui dédie son Voyage en Patagonie, Gombrowicz traduit son drame L’Été à Nohant et multiplie les démarches pour le faire représenter sur scène à Buenos Aires.
Witold Gombrowicz reçoit une lettre de son frère aîné Janusz. Il commence une correspondance régulière avec sa famille restée en Pologne.
Witold Gombrowicz termine l’année en cherchant la fin de Trans-Atlantique.
En mai, déçu de n’avoir aucune nouvelle de Pologne au sujet du Mariage, Witold Gombrowicz entre en contact épistolaire avec Jerzy Giedroyc, directeur de la revue Kultura à Paris.
Celui-ci se plaint d’avoir du mal à trouver un éditeur pour la pièce dans les milieux d’émigration polonaise. Pourtant, Witold Gombrowicz reçoit des lettres élogieuses au sujet du Mariage de la part des écrivains polonais tels que Józef Wittlin et Maria Kuncewiczowa qui qualifie son drame de « nouveau Hamlet ».
Toute l’année, Witold cherche à publier Le Mariage en français.
En juillet, Witold Gombrowicz donne Le Mariage à Jean-Louis Barrault, qui visite l’Amérique Latine en tournée avec sa compagnie.
En novembre, il envoie le texte français du Mariage à André Gide et à Albert Camus.
En juin, son roman Trans-Atlantique terminé, Witold Gombrowicz en rédige l’introduction.
Malgré trois semaines de vacances à Córdoba, Witold se plaint de son foie.
Il manque d’argent pour faire des copies du Mariage en polonais et le diffuser selon ses souhaits.
« Devant moi - rien, aucun espoir pour moi, tout finit, rien ne veut commencer. Mon bilan ? après tant d’années, remplies malgré tout d’effort tendu et de labeur, qui suis-je donc ? Un petit employé, assassiné par sept heures passées quotidiennement à brasser la paperasse, étranglé dans toutes ses entreprises d’écrivain. »
Journal, 1955 |
Witold Gombrowicz envoie le texte polonais du Mariage à Martin Buber dont il a lu, en compagnie d’Alejandro Rússovich, Le Problème de l’homme. Buber lui répond en qualifiant sa pièce « d’expérience particulièrement audacieuse ».
En 1955, Buber enverra une lettre de recommandation à Witold Gombrowicz pour appuyer ses démarches auprès des éditeurs étrangers.
Découragé par le silence des éditeurs, Witold Gombrowicz passe des vacances à Mar del Plata.
De mai à juin, la revue Kultura de Paris publie des extraits de Trans-Atlantique qui suscitent des réactions hostiles et violentes de la part de l’émigration polonaise. La critique d’un certain patriotisme polonais par Witold Gombrowicz est jugée scandaleuse.
« Quelle folie ce fut, ce Trans-Atlantique ! À tous points de vue. Quand je songe que j’ai écrit une chose pareille, moi qui me trouvais isolé sur le continent américain, sans un sou, oublié de Dieu et des hommes ! Dans ma situation, il fallait vite écrire quelque chose qui fût susceptible d’être traduit et édité en langues étrangères ; ou bien, si je voulais écrire pour les Polonais, quelque chose qui ne portât pas point atteinte à leurs sentiments nationaux. »
Testament. Entretiens avec Dominique de Roux |
Depuis 1950, Gombrowicz fait les premières ébauches d’une pièce de théâtre qui deviendra, quinze ans plus tard, Opérette. Il reviendra à cette idéee en 1958.
Cette première version inachevée, intitulée L’Histoire sera publiée d’une façon posthume en 1975.
Il termine la nouvelle Le Banquet qu’il inclura dans son recueil de contes.
Le poète polonais Czesław Miłosz demande l’asile politique à Paris. Il trouve refuge à Maisons-Laffitte, chez l’équipe de Kultura.
Cette revue publie pour la première fois en polonais le texte de Gombrowicz Contre les poètes. Milosz y répond par une lettre ouverte. La polémique s’étendra l’année suivante, toujours dans Kultura. Aujourd’hui, on peut la trouver dans Varia.
1952
La collaboration de Witold Gombrowicz avec Jerzy Giedroyc de Kultura se précise.
Dans ses lettres, le rédacteur de Maisons-Laffitte encourage Witold Gombrowicz à rédiger régulièrement un Journal qu’il s’engage à publier dans sa revue. C’est le début d’une grande œuvre que Witold Gombrowicz poursuivra jusqu’à sa mort.
Toujours à la demande de Jerzy Giedroyc, Witold Gombrowicz traduit en polonais le texte d’Emil Michel Cioran Les Avantages et les inconvéniants de l’exil, auquel il ajoute son propre commentaire très critique.
« Les paroles de Cioran respirent le froid humide des caves et le renfermé des tombeaux, mais elles sont bien trop mesquines. En effet, de qui s’agit-il ? Qui nous faut-il comprendre dans la définition d’« écrivain exilé » ? »
Journal, 1953 |
Jerzy Giedroyc décide que l’Institut littéraire, la maison d’édition de Kultura, publiera Le Mariage et Trans-Atlantique dans le même volume avec la préface de l’écrivain Józef Wittlin.
Le livre paraîtra en janvier 1953. C’est le premier livre en polonais publié par Witold Gombrowicz depuis la guerre. Ainsi commence l’histoire exceptionnelle de l’édition polonaise des œuvres de Witold Gombrowicz par Giedroyc ; l’Institut littéraire installé en France sera le fidèle et unique éditeur polonais de l’écrivain.
Le 26 juillet, Evita Perón meurt à Buenos Aires. Funérailles grandioses, deuil national de toute l’Argentine : la légende est née.
Dans le contexte de la guerre froide, Radio Free Europe, financée par les États-Unis, lance ses émissions en langue polonaise de Munich vers la Pologne. Witold Gombrowicz ne tardera pas à collaborer avec cette institution.
1953
Après avoir reçu les exemplaires polonais du Mariage et de Trans-Atlantique, Witold Gombrowicz se lance dans la rédaction de son Journal.
« On achète un Journal parce que l’auteur est célèbre, et moi j’écrivais le mien pour devenir célèbre. »
Testament. Entretiens avec Dominique de Roux |
En France, Preuves, la revue du Congrès pour la liberté de la culture, publie un compte rendu, signé par son directeur François Bondy, de l’édition argentine de Ferdydurke.
En décembre, la même revue en donne quelques extraits en français, traduits et introduits par Constantin (Kot) Jelenski. François Bondy ne rencontrera Witold Gombrowicz que quelques années plus tard à Buenos Aires, de même que Kot Jelenski, qui deviendra par la suite son traducteur, son « inappréciable partisan » en Europe et l’un de ses amis les plus proches.
Ah ! Mon ami Jelenski !
Oui. Pouvoir enfin m’extraire de ce faubourg, de cette antichambre, de ces communs, et devenir non pas un petit écrivain - polonais, partant de seconde zone, n’est-ce pas ? -, mais un phénomène qui a sa raison d’être et sa signification propre. » Journal, 1954 |
Witold Gombrowicz publie son conte Le Banquet dans Wiadomości, le quotidien de l’émigration polonaise à Londres, rival de Kultura de Jerzy Giedroyc. Celui-ci fait quelques remarques acerbes à ce propos dans ses lettres, mais cherche à aider Gombrowicz à trouver des revenus qui lui permettraient de quitter la banque. Kultura publie régulièrement son Journal .
Staline meurt le 5 mars .
Malgré la mort du dictateur soviétique, la Pologne, comme tous les autres pays du bloc communiste, vit l’apogée du stalinisme. La rupture ne viendra que trois ans après.
Au mois de mai à Varsovie, le Premier ministre Józef Cyrankiewicz, numéro deux du Parti, attaque publiquement Witold Gombrowicz en le traitant de réactionnaire, anti-polonais et dégénéré, à la solde de l’impérialisme américain et des « revanchards allemands ». C’est le Journal publié par Kultura, pourtant interdite par le régime communiste, qui lui vaut cette attention de Cyrankiewicz.
Fragment du discours du Premier ministre polonais Józefa Cyrankiewicza (1953) dans lequel il attaque violemment Witold Gombrowicz. (En polonais).
Son ami polonais, le peintre Janusz Eichler, part à la campagne et lui laisse son atelier dans le quartier du tango La Boca.
Witold Gombrowicz reçoit une lettre d’Albert Camus qui veut l’aider à le publier en France.
Fatigué, Gombrowicz prend un congé de trois mois à la banque. Il le passe à la campagne, d’abord à Verientes, à côté de Córdoba chez des amis polonais, les Lipkowski.
Il se rend ensuite à Goya, dans la province de Corrientes, chez les Rússovich. L’année précédente Alejandro a épousé Rosa Maria Brenca et a quitté la rue Venezuela.
Witold Gombrowicz consacre tout son temps à l’écriture.
« Mardi. Rien de neuf. Des troupeaux de chevaux sont en train de m’observer, si je ne m’abuse, ainsi que des vaches en quantité incalculable. »
Journal, 1954 |
En octobre, le Club polonais de Buenos Aires organise un débat sur l’œuvre de Gombrowicz. Son ami Karol Swieczewski en assure l’introduction.
« Hier soir, au Club polonais. Calculé mon arrivée juste pour la fin du rabâchage de mon âme et de mes ouvrages. [...] Au moment où je pénétrai dans la salle, la majorité de l’assistance m’a salué non sans cordialité, et j’ai eu l’impression que l’ambiance avait sensiblement changé depuis le temps où paraissait, dans la Kultura de Paris, les extraits de mon Trans-Atlantique. »
Journal, 1954 |
À la fin de l’année, Witold Gombrowicz commence à donner des cours de philosophie à ses amies polonaises : Maria Swieczewska, Krystyna Eichler et Halina Grodzicka. Ces cours se poursuivront avec succès pendant six mois.
« Il parlait pendant une heure environ et nous posions ensuite des questions. Après chaque cours, il passait lui-même le chapeau. Si sa récolte était maigre, il disait : « J’illumine vos têtes et vous faites des économies sur un pauvre génie ».
Maria Swieczewska, Gombrowicz en Argentine de Rita Gombrowicz |
Il envoie toujours des fragments du Journal à Kultura. Grâce à l’intermédiaire de Giedroyc, Gombrowicz entre en contact épistolaire avec la direction polonaise de la Radio Free Europe.
En mai, Witold Gombrowicz quitte le Banco Polaco, où il a travaillé depuis 1947. Il a décidé de se consacrer entièrement à l’écriture. Il subsiste grâce à une petite bourse du Comité américain pour l’Europe libre (Radio Free Europe) et à ses cours de philosopjie « aux dames polonaises ».
En juin, la « Revolución Libertadora » éclate et chasse Juan Perón du pouvoir. Les émeutes ont lieu dans le centre de Buenos Aires, on bombarde la Plaza de Mayo, près de la rue Venezuela. Gombrowicz se réfugie chez les Rússovich.
« Jeudi. Je le dis ou ne le dis pas. Il y aura à peu près un an, il m’est arrivé ceci : en passant sur le Callao, je suis entré dans les lavabos d’un grand café. Les murs étaient couverts de dessins et d’inscriptions diverses. Mais jamais le désir dément d’écrire ne se serait incrusté en moi tel un dard venimeux si je n’avais eu, par hasard, dans ma poche un bout de crayon. C’était un crayon à encre. »
Journal, 1955 |
Witold Gombrowicz commence un nouveau roman Actéon, le premier jet de La Pornographie.
Pendant son séjour à Goya, Witold Gombrowicz traduit en espagnol son conte Le Banquet avec Sergio Rússovich, frère cadet d’Alejandro.
Il passe chez un ami polonais Stanisław Odyniec, à Mar del Plata.
Ensuite, il se rend à l’estancia La Cabaña de Duś Jankowski, un autre ami polonais, à Necochea où il fera, par la suite, plusieurs séjours.
« Soleil, soleil. Il inonde les plages bien plus à fond que l’eau salée de l’océan, il brille et étincelle autour, il fait ciller les yeux et les enduit d’une subtile langueur. Sans le soleil, impossible de comprendre l’Amérique du Sud. Un de mes amis polonais n’arrivait pas à saisir pourquoi dans ce pays, un léger claquement de langue veut dire « non ». Au bout de quelques années, quand l’ardeur du soleil l’eût rôti jusqu’à la moelle, il a fini par comprendre. »
Pérégrinations argentines |