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Philidor doublé d’enfant

Filidor dzieckiem podszyty

 

« Tout est doublé d’enfant »

Écrit en 1935, ce texte fut inséré dans le roman Ferdydurke publié pour la première fois en 1937.
En 1957, lors de la republication de Bakakaï, son recueil des contes (éd. WL de Cracovie), Witold Gombrowicz a décidé d’y rajouté Philidor doublé d’enfant, ainsi que son pendant de Ferdydurke : Philbert doublé d’enfant.
Depuis, les deux textes figurent à la fois dans le recueil Bakakaï et dans Ferdydurke, son premier roman.

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"Phildor doublé d’enfant" en bande dessinée par Denis Lhomme.


Le grotesque duel entre le représentant de l’Analyse et celui de la Synthèse, ridiculise les postures philosophiques tellement rigides qu’elles en deviennent infantiles. Comme plus tard, il le fera à l’égard du Poète, Witold Gombrowicz caricature ici les pratiques et attitudes intellectuelles quand elles deviennent une simple mécanique de pensée, un dogme obtus et une prétention individuelle, au lieu d’être le champ du génie créateur individuel.

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Le vrai Philidor et son œuvre.


Le nom de Philidor est un clin d’œil ironique à François-André Danican-Philidor (1726-1798), compositeur français, auteur d’opéras comiques et joueur d’échecs très célèbre en son temps.


Witold Gombrowicz, passionné des échecs a étudié attentivement, selon les souvenirs de son ami de jeunesse Tadeusz Kepinski, l’ouvrage de Philidor Analyse du jeu des échecs, le classique du genre. Le même Kepinski se souvient que Witold Gombrowicz aimait ironiser pendant leurs parties en lui reprochant :« Mon cher, tu ne joues pas comme Philidor. » (T. Kepinski, Gombrowicz et le monde de sa jeunesse).

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Une partie d’échecs entre Gombrowicz et son ami peintre Joseph Jarema, Nice, 1967.


Le nom « Philidor » sonne d’une façon absurde à l’oreille polonaise. Dans la première version française de Ferdydurke (1958), préparée par Gombrowicz lui-même et Ronald Martin, signé par un pseudonyme Brone, « Philidor » fut remplacé par « Philifor » aussi étrange en français que le nom original en polonais. Néanmoins, Georges Sédir, l’auteur de la seconde traduction française (1973) a jugé plus opportun de revenir à « Philidor ».


Les jeux onomastiques et ceux avec les titres sont caractéristiques du style gombrowiczien et indiquent à la fois la complexité d’interprétations et le goût pour le néologisme ludique et l’humour frôlant absurde.



Extrait : 

L’Anti-Philidor s’approcha de la table et, en silence, mesura des yeux le professeur, qui se leva. Chacun essaya de triompher par sa force mentale. L’analyste attaquait froidement par le bas. Le synthéticien répondait de haut par un regard plein de dignité intransigeante. Comme ce duel de regards ne donnait pas de résultats décisifs, les deux ennemis spirituels entreprirent un duel de paroles. Le maître de l’Analyse s’écria :
― Des macaroni ! Le synthéticien répliqua :
― Du macaroni ! L’Anti-Philidor cria :
― Des macaroni, des macaronis, c’est-à-dire des combinaisons de farine, d’œufs et d’eau ! Philidor reprit aussitôt :
― Du macaroni, c’est-à-dire l’essence supérieure, le Macaroni en soi !